jeudi 6 novembre 2014

L'émouvant retour du Poilu


Émouvante cérémonie hier soir à Rosny-sous-Bois à l'est de Paris, là où vivait Léon Senet avant de partir au Front. Il avait vécu son enfance à Tours. - (Photo NR)

On a retrouvé ses ossements cet été dans un trou d’obus. Le sergent Léon Senet, natif de Tours, a été inhumé hier à Rosny-sous-Bois, 99 ans après sa mort.

Rosny-sous-Bois, à l'est de Paris, n'a pas attendu le 11 Novembre pour rendre hommage à son héros de retour à la " maison " après avoir été porté disparu un siècle durant. Et la Touraine a suivi cette belle histoire avec intérêt car le Poilu, retrouvé dans un trou d'obus en début d'été, était natif de Tours et y avait passé son enfance. Dans le Tours de la fin du XIXe siècle, ses parents étaient artisans, le père chaudronnier, la mère, née Pinchaud, couturière. Léon, Onésime, Marie Senet est né le 7 octobre 1884, rue Saint-Éloi à Tours, et il est tombé le 23 mai 1915 à Souchez, près du mont Saint-Éloi, dans le Pas-de-Calais, à la deuxième bataille de l'Artois.

La découverte de sa dépouille a été médiatisée. « On a pu l'identifier grâce à sa plaque de matricule », raconte Patrice Noisette, garde d'honneur au Mémorial de Lorette.

" 99 ans dans l'anonymat du champ de bataille "

Une petite-nièce, Nicole Senet, qui demeure à Deuil-la-Barre, était à la cérémonie hier, et témoignait : « Je ne connaissais pas l'existence de mon grand-oncle. Imaginez ma stupéfaction ! Le mystère de son existence reste entier à ce jour. » On n'a aucun portrait de cet appelé du 282e régiment d'Infanterie rassemblé à Montargis avant de filer vers la Somme et l'Oise. Le nom de Senet était bien inscrit sur le monument aux morts de Rosny, mais il restait le « soldat inconnu » parmi les 300 victimes de la Grande Guerre de la ville. L'inhumation s'est déroulée en présence des plus hautes autorités civiles et militaires, dont Brigitte Garanger-Rousseau, adjointe aux anciens combattants de Tours : « J'assiste à beaucoup de cérémonies depuis quelques mois, mais celle-là n'est pas comme les autres. Et c'est très émouvant de pouvoir ainsi saluer un soldat, en cette année du Centenaire. »

Marseillaise, sonnerie aux morts, discours, arrivée du cercueil au pied du monument aux morts, puis défilé jusqu'au cimetière pour la mise en terre solennelle. « Le soldat resté jusqu'ici anonyme ne l'est plus. A travers le sergent Senet, ce sont 600.000 soldats tombés dans le Nord-Pas de Calais qu'on salue. C'était une boucherie. On a compté jusqu'à 100 morts à la minute sur certaines offensives » déclarait le maire de Rosny. « Durant 99 ans, dans l'anonymat du champ de bataille, vous avez eu pour sépulture la nef de la voûte céleste », ajoutait Serge Roy, président du comité de Coordination de la cité parisienne. L'enfant tourangeau devenu chair à canon est sorti de sa nuit noire et repose désormais pour l'éternité au panthéon des Poilus, dans un carré militaire digne de ce nom.

Source : Nouvelle République