mardi 25 février 2014

Monument aux morts

"En hommage aux combattants et victimes de tous les conflits et missions extérieures"



Ce monument a été érigé par la municipalité de Tours en souvenir et en hommage à toutes les victimes des conflits et missions extérieures.

Il est le témoignage des deuils, des souffrances, des sacrifices et des espérances des anciens combattants.

Dans l'avenir les anciens combattants de toutes les générations, pourront éffectuer ici leurs dépôts de gerbes, comme nous le faisons chaque année à l'occasion denos assemblées générales.

Ce monument doit aussi aider à conserver la mémoire et inspirer les jeunes générations dans leur action en faveur de la paix entre les peuples.






N'oublions pas que : "Tout peuple qui oublie son passé est condamné à le revivre".


CONSTRUCTION D'UN MONUMENT AUX "FONTAINES"

En 2001, la possibilité qui est donné à la FNCV de pouvoir utiliser les salles de la récente Mairie de quartier des "Fontaines", à Tours-Sud, lui permet dorénavant de pouvoir tenir son assemblée générale annuelle, dans le quartier des "Fontaines" et d'éviter ainsi le centre-ville.

Toutefois, la tradition et le devoir de mémoire, font obligation à la FNCV d'effectuer un dépôt de gerbe, soit à un monument ou une stèle, à la mémoire des anciens combattants tombés au combat et des victimes de guerre. Hors, aucun monument n'existe dans le quartier des Fontaines.

Pour remédier, à cet état de chose, le président de la section FNCV envisage de demander à la municipalité de la ville de Tours, s'il serait possible d'ériger une stèle à proximité immédiate de la Mairie de quartier des Fontaines.

Une demande est adressée par le président André MOREAU, à Mme BOSCH, premier adjoint au Maire de Tours chargée des relations avec les anciens combattants, et contact est pris avec Mme MALMENAIDE, responsable des relations publiques de la ville de Tours, pour qu'elle nous obtienne une entrevue avec Mme BOSCH.



Le 23 avril 2001, le président de la FNCV est reçu par Mme BOSCH. Il lui présente son projet avec croquis de la stèle envisagée et plan de l'emplacement prévu pour sa construction, face à la Mairie des Fontaines.





Considérant que plusieurs monuments, stèles ou plaques existent dans les quartiers Tours-Nord, Tours-Est et Tours-Ouest, Mme BOSCH estime qu'il est normal qu'un monument ou stèle soit érigé à Tours-Sud, dans le quartier des Fontaines et donne son accord au projet du président de la FNCV, et précise que ce monument pourrait être érigé dans le courant de l'année 2001 après accord de le municipalité.


Le 26 septembre 2001, lors d'une réunion à l'Hôtel de Ville de Tours, il a été convenu avec Mr DELOMBRE, architecte des bâtiments et monuments de le ville de Tours de prendre un rendez-vous, afin de concrétiser ce projet.

Le 24 octobre 2001, a lieu l'entrevue du président de la FNCV avec Mrs GERNOT, Maire adjoint et DELOMBRE architecte, à la Mairie des Fontaines et étude sur le terrain que nous avons proposé pour la construction de la stèle. Mrs GERNOT et DELOMBRE donne leur accord pour l'emplacement proposé. Mr DELOMBRE nous informe qu'il nous fera parvenir un projet de monument qu'il établira d'après notre proposition et nous promet que ce monument sera érigé pour fin février 2002.

Le monument n'étant pas érigé, comme promis, fin février, au cours de notre assemblée générale du 10 mars 2002, confirmation nous est de nouveau donnée par Mme BOSCH et Mr GERNOT de l'édification d'un monument au Fontanes mais qu'il n'a pu être construit en temps voulu pour des raisons imprévisibles, et sera mis en place pour le début 2003.



Le 7 juin 2002, au cours d'une rencontre à la Mairie de Tours, Mme BOSCH et Mr DELOMBRE confirme de nouveau l'édification du monument pour le début de l'année 2003, précisant qu'un projet autre que celui proposé est à l'étude et que nous nous rencontrerons prochainement pour en discuter.




Le 13 novembre 2002, la rencontre prévue à lieu dans le bureau de Mme BOSCH. Sont présent à cette rencontre Mme BOSCH, Mrs GERNOT et André MOREAU, président de la FNCV, ainsi que deux architectes de la ville qui nous présentent le projet réalisé par leurs soins et qu'ils soumettent à notre approbation. Mme BOSCH manifeste le désir que ce projet soit également soumis à l'approbation de plusieurs présidents et membres d'associations d'anciens combattants. Une réunion est prévue à cete effet le 18 novembre à la maison des combattants où un architecte viendra présenter le projet du monument qui sera mis en place pour fin février 2003.

Le 18 novembre 2002, cette réunion de concertation à lieu à la maison des combattants. Sont présents, Mr PRUVOST, Directeur de l'ONAC-VG, ainsi que six présidents d'associations d'anciens combattants et les membres du conseil d'administration de section 37 de la FNCV. Mr IVARS architecte, présente le projet de monument, lequel est accepté à l'unanimité par les participants à cette réunion.


Début février 2003, les travaux de construction du monument commencent à l'endroit prévu et sont achevés le 20 février. Le président de le FNCV 37 se rendait chaque jour sur le chantier pour suivre le déroulement des travaux.




Au cours de l'assemblée générale de la section FNCV 37 , du 9 mars 2003 à lieu l'inauguration du monument par Mme BOSCH et Mr GERNOT, Maire adjoints, et par Mrs Daniel TOLDOT Président National et André MOREAU, Président Départemetal de la FNCV.



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jeudi 20 février 2014

Historique de la FNCV


C'est le 16 janvier 1919 que fut déclarée à la préfecture de la Seine la « Ligue des Combattants Volontaires de la Grande Guerre-Fraternité d'Armes », dont le siège social était au 53 bis, Boulevard Suchet à Paris. Cette ligue n'eut pas tout le succès escompté, les camarades ayant des titres de guerre exceptionnels, tels JAY ou HUTIN-DESGREES, s'associant difficilement à des engagés volontaires n'ayant connu de la zone des armées que les services de l’arrière.

A la suite des « Etats généraux de la France Meurtrie », organisés à Versailles en 1927, un appel fut lancé afin de regrouper tous les « vrais » Combattants volontaires. La campagne ainsi lancée connut un succès complet, qui aboutit le 22 décembre 1928 à la transformation de la première association en la « Fédération Nationale des Combattants Volontaires de la Grande Guerre », avec un siège social transféré 7, Rue de la Pépinière, à Paris. Ce siège fut de nouveau transféré en mai 1933 au 28, boulevard de Strasbourg.

 Le 14 décembre 1935, la Fédération prend le nom de « Fédération Nationale des Engagés et Combattants Volontaires de la Grande Guerre » et fusionne en mars 1936 avec la Fédération Nationale des Unions d'Engagés Volontaires pour la durée de la guerre.

Le siège social est alors transféré 9, rue Mazagran,
où nous sommes toujours 67 ans après.


Deux ans plus tard, en septembre 1938, la Fédération fusionne, avec la Fédération Nationale des Engagés Volontaires et prend le nom de « Fédération Nationale des Volontaires de Guerre ».

Le 16 octobre 1941, le gouvernement de Vichy confirme la décision, prise le 14 août 1941, de la dissolution de notre Fédération, au profit de la « Légion Française des Combattants », seule habilitée par Vichy pour regrouper tous les anciens Combattants, quels qu'ils soient.

Aussitôt après la libération du territoire français, notre Fédération renaît de ses cendres et prend le nom de « Fédération Nationale des Volontaires de Guerre 1914-1918 et 1939-1945 ».

Le 1er novembre 1944, Eugène WEISSMAN, alors président fédéral, reçoit du général DE GAULLE une lettre précisant qu'en attendant une nouvelle loi déterminant les nouvelles catégories de Combattants volontaires à joindre à celles de 1914-1918, il était d'accord pour

considérer comme tels tous les F.F.L. et tous les Résistants et F.F.I. ayant combattu avant le retour du gouvernement provisoire de la République en métropole. Cette lettre fait de nous la première association en date ayant pu accueillir en son sein tous les Combattants volontaires de la Résistance.

Afin de matérialiser cette nouvelle situation, notre Fédération prend en septembre 1945 le nom de « Fédération Nationale des Combattants Volontaires des guerres 14/18, 39/45 et des Forces de la Résistance » qui deviendra en mai 1947 la « Fédération Nationale des Combattants Volontaires des Guerres 14/18, 39/45, des T.O.E. et des Forces de la Résistance », nom qu'elle gardera jusqu’au 5 juin 1996, date à laquelle l’assemblée générale extraordinaire, réunie à Chasseneuil-du-Poitou dans la Vienne, vote la modification de l’appellation de la Fédération ainsi dénommée :

FEDERATION NATIONALE des Combattants VOLONTAIRES
1914-1918, 1939-1945, Résistance, T.O.E., A.F.N. et Opérations Extérieures

Il ne faudrait pas que nous, ceux de la deuxième génération du feu, qui arrivons à un âge plus avancé que celui qu'avaient atteint, en 1945, nos grands anciens de 1914-1918, commettions la même erreur en face de nos jeunes camarades. Il faut, dans notre Fédération, dans nos sections et associations affiliées, savoir leur offrir des présidences, des postes de responsabilité pour assurer une relève « en douceur » des dirigeants actuels. C'est là, et nulle part ailleurs, que réside la pérennité de notre Association. Nous souhaitons tous, de toutes nos forces, qu'un nouveau conflit ne vienne pas renouveler nos effectifs. Nos associations sont donc, inéluctablement, condamnées à la disparition.

Grâce à nos jeunes Combattants volontaires des 3ème et 4ème générations du feu, la F.N.C.V. survivra la dernière et elle est appelée à servir de lieu d'accueil à tous les Combattants Volontaires qui seront les derniers survivants de leur association.

 Henri EUGENE, président national de la Fédération de 1980 à 1992

lundi 17 février 2014

LETTRE ASAF 14/02

Le Président et l’armée de la France

L’année 2013 a été riche en décisions qui engagent l’avenir de notre armée, c'est-à-dire, pour une part, celui de notre pays. Il s’agit du Livre blanc, de la loi de programmation militaire et de deux opérations militaires en Afrique. L’année 2014 quant à elle s’ouvre sur des situations ambigües et dangereuses, tant par l’image négative que renvoie le chef des armées que par le flou qui entoure l’engagement de nos forces en République Centrafricaine (RCA).
Leurs conséquences sont de nature à ternir, affaiblir, voire décrédibiliser la France et son armée.


Vivre selon ses responsabilités

Un « président normal » de la France, ne peut pas être un homme « comme les autres ».
Le président de la République française est le chef des armées 24 heures sur 24 et 365 jours par an. A ce titre, il est le détenteur du feu nucléaire et peut, dans l’urgence, décider seul de l’engagement des forces armées françaises partout dans le monde. Ce pouvoir régalien considérable n’existe dans aucun autre pays démocratique ; il lui permet d’assumer au mieux son premier devoir puisque, selon l’expression du fondateur de la Vème République, « la Défense est le premier devoir de l’Etat ». Les récentes opérations en Libye et en Côte d’Ivoire, puis au Mali et en RCA ont montré comment les deux derniers présidents ont joué de ces pouvoirs entre 2011 et 2013.

Exercer les plus hautes responsabilités de l’Etat est une tâche immense, un sacerdoce du quotidien : celui du service exclusif de la Patrie et du peuple français. Cette fonction exige un sacrifice personnel permanent. Elle ne peut en aucun cas être assumée par« monsieur tout le monde ». En envoyant au combat et parfois à la mort des fils et filles de France, il exerce ses prérogatives au service des intérêts supérieurs de la France et des Français.

Ces responsabilités, les pouvoirs dont il dispose et les moyens qui sont mis à son service, lui imposent des règles de comportement auxquelles il doit se soumettre. En les contournant, il discrédite la plus haute fonction régalienne et affaiblit notre pays aux yeux du monde.


Clarifier, expliquer et défendre l’engagement de nos armées

Si l’Histoire nous rappelle que notre outil de défense doit être cohérent avec notre politique étrangère, il est tout aussi vrai que l’engagement opérationnel de nos armées doit toujours s’inscrire dans sa politique extérieure avec des objectifs clairs. Les Français doivent comprendre et partager les raisons pour lesquelles la France accepte de sacrifier ses soldats et dépenser son argent.

C’est pourquoi les missions données à nos forces au Mali et plus encore en RCA doivent être expliquées sans ambigüité par le président de la République dont c’est le rôle en tant que chef des armées, la conduite des opérations sur le terrain restant du ressort exclusif des chefs militaires. Ce n’est à l’évidence pas le cas pour la RCA. Quel est le but final de notre engagement en RCA ? Le retour à un équilibre qui n’a jamais existé ? Un transfert de responsabilités à des forces africaines incapables de les assumer efficacement ? Ou bien sécuriser ce pays abandonné et aider à son redressement et à son développement économique, seule solution durable, susceptible de favoriser la réconciliation des adversaires d’hier ? Qui peut nier que nos effectifs sont alors très largement insuffisants ?

Cette situation de faiblesse expose inutilement nos soldats à des actions audacieuses conduites par nos adversaires. Elle contribue à affaiblir leur crédibilité et leur capacité de dissuasion. Aujourd’hui nos forces ne contrôlent qu’une faible partie du pays laissant ainsi de vastes régions aux mains de rebelles qui continuent d’exercer des violences - pillages, viols et massacres - sur la population.

Qui nous dit que demain la France, en l’occurrence son armée, ne sera pas alors accusée de complicité de meurtres ? Le chef des armées d’aujourd’hui ne sera sans doute plus là pour assumer ses responsabilités. L’exemple du Rwanda, où nos troupes ont pourtant réalisé une mission de sauvetage humanitaire remarquable lors de l’opération Turquoise, est révélateur puisque nos soldats et leurs chefs se retrouvent aujourd’hui à nouveau mis en accusation par les autorités rwandaises à l’occasion du 20ème anniversaire du génocide.
Quel est le président de la République qui s’insurgera enfin contre les allégations mensongères prononcées à l’égard de nos militaires qui ont pourtant agi selon les ordres donnés par le Président du moment ?
2014 sera donc une année au cours de laquelle l’ASAF exercera toute sa vigilance. Elle souhaite mobiliser tous ceux qui estiment que, dans les circonstances actuelles et face aux multiples menaces qui s’annoncent, soutenir l’armée, c’est servir la France.
 
LA REDACTION

dimanche 16 février 2014

Décembre 1958 : une journée dans l’Ouarsenis


         De 1954 à 1962, les escadrons de Gendarmerie Mobile déplacés en Algérie, furent au combat de jour et de nuit. Les escadrons arrivant de métropole avec leur parc de véhicules légers, recevaient cinq automitrailleuses et cinq half-tracks.

En 1958, notre escadron 6/8 de Gendarmerie Mobile est stationné à Affreville, dans la vallée du Chélif et assure des missions et opérations dans les monts du Djebel Zaccar, secteur de Miliana.


 Le 4 décembre, nous changeons de secteur d'opérations. Nous allons faire la connaissance du 28ème régiment de dragons, ou plutôt d'un escadron de ce régiment.

Nous allons également connaître cette montagne mystérieuse de l'Ouarsenis qui près de nous, de l'autre côté  de la vallée du Chélif, nous  barre l'horizon vers le sud et que nous contemplons depuis des mois sans jamais y être allés. Aujourd'hui nous y allons! Nous allons pénétrer dans cette forteresse rebelle de la Willaya 4.

A 5 heures 45, avec deux automitrailleuses, nous partons pour Le Puits, village situé entre Affreville et Teniet-el-Haâd. Dans la nuit, nous gagnons le cantonnement d'un escadron du 28ème régiment de dragons, stationné dans une ferme abandonnée au pied même de l'Ouarsenis.

Près du cantonnement des dragons, sur les bords de l'oued Deurdeur, s'étale un village de paillotes. Dès notre arrivée au cantonnement, nous prenons contact avec le lieutenant commandant l'escadron de dragons et avec son adjoint. Nous nous plaçons sous ses ordres.

- Mon lieutenant, il nous semble que vous ayez beaucoup de voisins, dans le village de paillotes ?

- Oui, il y a environ 3.000 personnes dans ce village. Elles sont là depuis six mois. Ce sont des montagnards qui sont venus se mettre sous notre protection. Ils vivaient dans des grottes sur les pentes de la montagne, aussi nous les appelons les "Matmatas", c'est aussi le nom que nous avons donné au village.

Au petit jour, au pied du djebel qui, à quelque centaines de mètres seulement, dresse dans la brume matinale ses sommets couverts de forêts, nous formons un convoi avec les half- tracks des dragons et un G.M.C. dans lequel ont pris place des civils musulmans du village. Nous partons ensuite vers le massif montagneux de l'Ouarsenis. Nous empruntons la route de Letourneux et en peu de temps nous atteignons la montagne. La route passe entre deux masses rocheuses, semblables aux piliers d'une porte par laquelle nous pénétrons dans cette montagne.


Nous suivons la route de Letourneux pendant quelques kilomètres, puis après avoir franchi l'oued Deurdeur sur un pont métallique que les rebelles ont essayé de détruire sans toutefois y parvenir, nous empruntons une piste sur notre droite, vers l'ouest, et nous nous enfonçons au coeur de la montagne.

Je me trouve en tête de la colonne. Je roule lentement exécutant les ordres que me donne mon chef de bord et qui les reçoit lui-même par radio du lieutenant des dragons. Mon aide chauffeur et moi avons les yeux fixés sur la piste cherchant à découvrir toute trace suspecte qui nous indiquerait la présence d'une mine, car dans ce secteur les rebelles en posent beaucoup. Il s'agit le plus souvent d'obus piégés ou d'engins de fabrication locale. Nous avons appris ce matin que, tout récemment, un half-track des dragons a sauté sur une mine à quelques centaines de mètres du village des Matmatas, aux limites de la zone interdite. Trois dragons furent tués et quatre autres blessés.
La piste que nous suivons serpente dans une vallée où coule l'oued Deurdeur. Au sud de cette vallée, à notre gauche, une pente très rapide s'élève jusqu'à la crête d'une montagne.

L'ordre me parvient de gravir cette pente avec l'automitrailleuse et de prendre position au sommet. Comment gravir cette dénivellation avec mon blindé de huit tonnes ? L'engin n'est pas chenillé! Y arriverai-je ? Et comment va se comporter l'automitrailleuse après toutes les pannes quelles a connues? Enfin essayons, c'est un ordre.

J'enclenche le crabotage du pont avant et le réducteur de vitesse, puis à très faible allure, je m'engage sur la pente. J'ai alors l'impression que mon automitrailleuse se dresse verticalement et devant moi je ne vois plus que le bleu du ciel. Je monte lentement. Je voudrais monter en oblique, mais j'ai peur que mon blindé se couche sur le côté, aussi je continue mon ascension en ligne droite, vers la crête. La sueur coule sous mon casque. Après d'interminables minutes j'atteins enfin le sommet et je me trouve sur un étroit plateau. Nous nous mettons en protection des dragons qui "ratissent" la pente opposée. De notre position, nous avons une vue magnifique sur les deux vallées que sépare la crête où nous sommes, mais nous n'avons pas le temps d'en jouir bien longtemps car, aucune trace de rebelles n'étant signalée, l'ordre nous est donné de redescendre dans la vallée de l'oued Deurdeur et de reprendre la progression sur la piste où nous roulions tout à l'heure.

Me voilà reparti sur la pente, en descente cette fois. La descente est aussi pénible que la montée et à chaque instant il me semble que l'automitrailleuse va basculer. C'est avec un grand soulagement que j'arrive sans encombre sur la piste, mais je suis en sueur, d'autant plus que le soleil commence à chauffer. J'enlève le réducteur de vitesse et le crabotage du pont avant.

Notre automitrailleuse s'est très bien comportée dans cette épreuve. Ca marche et c'est tout à l'honneur de nos mécaniciens de l'escadron.

Je reprends ma place en tête de la colonne et je repars lentement sur la piste. Un nuage de poussière s'élève derrière moi et je pense que,  pour une fois,  j'ai de la chance d'être en tête, car pour les hommes des véhicules qui suivent, il ne doit pas être agréable de respirer cette poussière. J'en sais quelque chose!

Nous ne voyons toujours pas trace de rebelles, pourtant nous sentons leur présence toute proche et il est certain que leur vigies ont signalé notre colonne.

Subitement, à un coude de la piste, je me trouve en présence d'une coupure large d'environ trois mètres et profonde d'un mètre. Je stoppe et par radio, mon chef de bord signale cette coupure au lieutenant commandant la colonne. Celui-ci envoie sur les lieux un de ses sous-officiers ainsi que le G.M.C. occupé par les arabes. Le lieutenant a prévu ce genre d'obstacle et c'est pourquoi, au village, il a réquisitionné des arabes munis de pelles et de pioches qui sont chargés de reboucher le plus rapidement possible les coupures de piste. Ceux-ci se mettent au travail. Pendant ce temps nous les protégeons, surveillant les replis du terrain et les hauteurs environnantes, car les rebelles vont peut-être profiter de cet arrêt de la colonne pour la harceler. Mais rien ne se passe et nos "terrassiers" poursuivent leur travail en toute quiétude. Dans peu de temps nous pourrons reprendre notre marche en avant.


Près de l'endroit où nous sommes stoppés se trouve un gros tas de pierres. Plusieurs indigènes sont désignés par le sous-officier pour transporter ces pierres dans la coupure. Tout à coup, nous voyons les arabes s'écarter précipitamment du tas de pierres et leur figure reflète la terreur. Le sous-officier des dragons s'approche et constate qu'un cadavre repose sous ces pierres. Bien entendu, les arabes refusent de continuer à transporter les pierres.
A 11 heures 30, la coupure est comblée et la progression reprend.

Nous parcourons une faible distance et nous rencontrons d'autres coupures de moindre importance que nous passons sans trop de difficultés, après que nos "terrassiers" en aient abattu les bords. La piste s'interrompt brusquement sur le bord de l'oued Deurdeur. Nous nous arrêtons de nouveau. D'une reconnaissance effectuée par les dragons, il résulte que nous pouvons traverser l'oued à gué pour reprendre la piste sur l'autre rive.

- En avant ! A l'eau !

J'enclenche le pont avant et le réducteur de vitesse, puis lentement je descends dans l'eau. Nous passons l'oued dans près d'un mètre d'eau. L'automitrailleuse cahote sur les pierres qui tapissent le fond de l'oued, mais nous atteignons la rive opposée sans beaucoup de difficultés. Nous gravissons le talus et nous retrouvons sur la piste. L'un après l'autre les véhicules de la colonne traversent l'oued et notre convoi se reforme. Nous continuons notre progression sans que les rebelles ne se manifestent et pourtant ils sont là, nous le savons.

Trois autres fois, la piste vient s'interrompre sur les bords du sinueux oued Deurdeur, et trois autres fois, il nous faut le traverser à gué, mais cela se passe parfaitement bien, malgré les difficultés présentées par les grosses pierres qui se trouvent au fond de l'eau et par le relief des berges à fort poucentage de déclivité qu'il nous faut descendre et remonter.

La piste devient caillouteuse et se rétrécit de plus en plus. Nous arrivons dans un endroit où elle est bordée d'un côté par une paroi rocheuse et de l'autre par un ravin. Sa largeur à cet endroit ne nous permet plus d'avancer sans risquer un accident. Je m'arrête et mon chef de bord rend compte par radio de notre impossibilité de continuer la progression. Le lieutenant des dragons nous rejoint :
- Essayez de faire marche arrière. D'ailleurs, nous n'allons pas plus loin et j'ai déjà fait stopper mes véhicules plus en arrière car vous n'avez peut-être rien remarqué, mais nous sommes au milieu d'un "nid" de fellaghas. Evidemment ils se sont enfuis avant notre arrivée.
En marche arrière, guidé par mon aide chauffeur, je recule jusqu'à une petite plate-forme naturelle où je peux manœuvrer. Là, je fais demi-tour. Le lieutenant remonte dans sa jeep et nous fait signe de le suivre. Nous rejoignons la colonne qui est arrêtée à une centaine de mètres. Le lieutenant vient près de nous :

- Vous vous placez en position de protection sur le petit mamelon qui surplombe la vallée de l'oued Deurdeur.

- Vu mon lieutenant.

Nous nous rendons sur le mamelon où nous sommes bientôt rejoints par la deuxième automitrailleuse de notre escadron. Il est midi. Nous prenons position près d'une mechta qui semble abandonnée. De cette position, nous surveillons les vallées situées de part et d'autre du mamelon. Le chef de bord m'interpelle :

- Pour éviter toute surprise, avec ton aide chauffeur, tu vas aller reconnaître la mechta. Je vous protège.

Je descends du blindé et avec mon aide chauffeur, pistolet-mitrailleur au poing, prêt à tirer, nous allons reconnaître la mechta, sous la protection de mon chef de bord qui est à la mitrailleuse de 12,7 m/m. La mechta est inoccupée, mais à l'intérieur, le sol est recouvert d'une épaisse couche de paille sur laquelle nous distinguons des empreintes laissées par des corps. Il ne fait aucun doute que peu de temps avant notre arrivée, les fellaghas occupaient cette mechta où ils ont dormi.

- Il n'y a pas longtemps que les fellouzes étaient là-dedans !

- C'est sûr, et ils sont partis quand ils nous ont vus arriver. Ils ne doivent pas être loin.

- Ils sont peut-être dans une cache là-dessous. On y met le feu ? - Oui, mais il vaut peut-être mieux que le lieutenant nous en donne l'autorisation.

Nous retournons au blindé où nous rendons compte de ce que nous avons découvert à notre chef de bord et de notre intention de mettre le feu à la mechta. Il est d'accord, mais il veut lui aussi l'autorisation du lieutenant des dragons.      Nous ne parvenons pas à joindre le lieutenant par la radio et nous abandonnons provisoirement notre projet. L'endroit où nous sommes s'appelle, parait-il, Oued Zemmour.

A environ 1.000 mètres au sud de notre position se dresse une falaise de plusieurs centaines de mètres de hauteur. Une grotte s'ouvre sur le flanc de la falaise et à la jumelle, nous distinguons parmi les arbres qui se trouvent au pied de la falaise, juste au-dessous de la grotte, une mechta dissimulée dans les feuillages et invisible à l'oeil nu. Nous prenons notre repas sur le blindé tout en surveillant les environs.  Mon aide chauffeur regarde en direction de la falaise :
- Il y a quelque chose qui a  brillé à l'entrée de la grotte !

 - Tu en es sûr ?

- Absolument, j'ai vu quelque chose briller.

Nous observons l'entrée de la grotte à la jumelle, mais nous ne voyons plus rien. Notre tireur s'énerve :

- J'enverrais bien un ou deux obus dans ce trou, mais bien sûr il faut l'autorisation du lieutenant ! C'est absurde !

Nous passons l'après-midi sur notre position, tandis que les dragons "ratissent" le terrain. Ils découvrent des emplacements où se trouvaient les rebelles et, entre autres, un observatoire bien camouflé, perché au sommet d'un arbre. Ils le font aussitôt brûler.

De notre côté, nous ne cessons d'observer la grotte dans l'espoir de découvrir quelque chose d'anormal et notre tireur a fait pivoter la tourelle de l'automitrailleuse, prêt à envoyer un obus à l'intérieur, mais aucun fait nouveau ne vient confirmer la présence de rebelles à cet endroit. Ce n'est pourtant pas l'envie qui nous manque d'envoyer quelques obus dans ce trou sombre qu'est la grotte au flanc de la falaise, mais nous ne voulons pas le faire sans ordres supérieurs et il est toujours impossible de contacter le lieutenant par radio.

En fin d'après-midi, la radio grésille enfin, et l'ordre nous est donné de quitter notre position et de rejoindre les dragons, ce que nous faisons immédiatement. Nous mettons le lieutenant au courant de nos constatations et de nos observations, ainsi que de ce que nous avions l'intention de faire. Il parait étonné que nous n'ayons pas agi de notre propre initiative.

- Il ne fallait pas hésiter à faire flamber la mechta et à canonner la grotte !

- Mon lieutenant, nous ne sommes pas habitués à agir sans ordres.

- Oui, je vous comprends, vous êtes dans une arme spéciale, mais à l'avenir, lorsque nous serons ensemble, et si vous remarquez quelque chose de suspect, n'hésitez pas et n'attendez pas les ordres. Ici nous faisons la guerre !

Sans plus attendre, le lieutenant donne l'ordre à ses mitrailleurs de half - tracks et aux nôtres d'ouvrir le feu sur la mechta qui se trouve maintenant à une certaine distance. Les mitrailleuses crépitent et bientôt les balles incendiaires font leur oeuvre. De la fumée commence à s'échapper de la mechta.

- Et la grotte, mon lieutenant ?

Le lieutenant se retourne vers mon tireur qui a posé la question.
- Est-ce quelle est toujours à portée de votre canon ?

- Oui, mon lieutenant !

- Alors envoyez quelques obus dedans !

Mon tireur, ancien canonnier de la marine, fait pivoter la tourelle de l'automitrailleuse et, l'oeil collé à la lunette de visée, il amène son canon face à la grotte. Pendant ce temps, le chef de bord a introduit un obus explosif dans le canon.

- Pièce prête !

- Feu !

L'obus s'en va exploser en plein dans la grotte, suivi de plusieurs autres. On ne saura jamais s'il y avait quelqu'un à l'intérieur, mais celà est fort probable et dans ce cas il y a dû y avoir de la casse ou, tout au moins, une belle peur pour les occupants des lieux.

Cette séance de tir terminée, et comme il commence à se faire tard, le convoi se reforme. Nous voilà de nouveau partis sur la piste par où nous sommes venus. Comme à l'aller, nous traversons quatre fois à gué le tortueux oued Deurdeur, puis nous rentrons au cantonnement des dragons tout en roulant lentement et en surveillant la piste, car des mines peuvent avoir été posées après notre passage de ce matin. Le retour se passe toutefois sans incident.

Arrivés au "Matmatas", nous prenons congé des dragons dont nous gardons une très bonne impression. Nous les reverrons bientôt. A 18 heures 30, nous avons rejoint Affreville et notre cantonnement. Pas de doute, aujourd'hui nous sommes tombés en plein fief des rebelles, mais ceux-ci prévenus par leurs guetteurs se sont enfuis avant notre arrivée, ne voulant certainement pas affronter les blindés.


Je me sens soulagé, mon automitrailleuse a tenu le coup, et pourtant, aujourd'hui, elle a subi de rudes épreuves.   
                      
                                                                   André MOREAU  Président section FNCV 37

vendredi 7 février 2014

Une belle et heureuse année 2014


  Le président, les membres du bureau et du conseil d'administration de la Fédération nationale des combattants volontaires (FNCV) souhaitent à tous les compagnons, à nos frères d'armes actuellement en missions ou en opérations (OPEX) loin de leur famille, aux blessés des opérations passées et à tous ceux qui se dévouent pour que notre pays vive libre et en sécurité, une belle et heureuse année 2014 pour eux et ceux qui leur sont chers.

Alain Clerc
Président de la Fédération nationale
des combattants volontaires