mardi 26 août 2014

Cérémonie des 70 ans du massacre de Maillé

 
Depuis les années 50, dans le petit square au cœur du village, une pierre avec pour seule mention
« 25 août 1944 » rappelle le jour de la tragédie du village martyr.

Le 25 août 1944, les nazis tuaient 124 personnes à Maillé et brûlaient le village. Soixante-dix ans après, lundi, a été commémoré ce jour funeste où Maillé est devenu village martyr.
 
Au matin du 25 août 1944, tandis que Paris était libéré, la petite commune de Maillé, au sud de Sainte-Maure, sombrait dans l'horreur. Vers 9 h, de 70 à 100 soldats allemands, sans doute un bataillon de la Waffen SS cantonné à Châtellerault, investissent le village dans l'intention de brûler et de tuer. Les nazis ont organisé le massacre en représailles des actions de la résistance locale qui se sont multipliées les jours précédents face à l'occupant allemand.

 37 hommes 39 femmes et 48 enfants…

Pendant deux heures, les SS traquent et massacrent les habitants, dans les champs, les maisons, les jardins, les caves… « Tout ce qu'ils voyaient vivant était mort », dira l'un des rescapés. Les nazis incendient les maisons après avoir tué leurs occupants.

124 personnes, âgées de 3 mois à 89 ans, sont sauvagement assassinées. 37 hommes, 39 femmes et 48 enfants de moins de 15 ans, exécutés par balles ou à la baïonnette. Vers midi, les SS quittent le bourg, mais des sentinelles encerclent le village empêchant les éventuels survivants de sortir de leurs cachettes. Un canon de 88 est installé sur une petite colline qui surplombe le bourg, et pilonne le village. 52 des 60 maisons du bourg seront détruites.

Maillé sera entièrement reconstruit dès la Libération. Aucune ruine, aucune trace de la tragédie ne sera conservée. Ce qui explique, en partie, que Maillé soit peu à peu tombé dans un relatif oubli. En tout cas de la part des plus hautes autorités de l'État. Il faudra attendre l'année 2008 pour qu'un président de la République, Nicolas Sarkozy, se rende à Maillé pour assister aux commémorations qui ont lieu chaque année, le 25 août.

Les cérémonies commémoratives du massacre de Maillé, a été marquées par la présence du secrétaire d’État Kader Arif, mais aussi par la venue d’une délégation allemande.
 

Neuf enfants de 6 à 10 ans, élèves du regroupement pédagogique local, ont participé toute la matinée aux cérémonies du Souvenir.
 
La même émotion, la même compassion collective et toujours ces visages graves, ces têtes qui se baissent, ces mentons qui tremblent, au cimetière, quand la voix, au micro, égraine la liste des noms et les âges des 124 victimes du massacre perpétré contre la population de Maillé, au matin du 25 août 1944, par des soldats de la Waffen SS…

Soixante-dix ans après ce jour qui a vu le destin de la petite commune basculer dans l'horreur, ces cérémonies ont été marquées par la présence d'un représentant du gouvernement : Kader Arif, secrétaire d'État auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire. Car la présence d'un ministre à Maillé, le 25 août, c'est un événement, même si cela peut paraître incompréhensible. Depuis 1945, seuls Renaud Donnedieu de Vabres en 2005, et Nicolas Sarkozy, le président de la République, en 2008, ont témoigné de cette reconnaissance nationale qui a si cruellement manqué aux Maillaciens.

Aux côtés du maire, Bernard Eliaume, du président de l'association du Souvenir et rescapé du massacre, Serge Martin, le secrétaire d'État ouvrait le cortège des nombreuses personnalités – dont les maires d'Oradour-sur-Glane et de Drancy – qui visitaient les 200 mètres carrés d'exposition de la Maison du Souvenir, avant de se rendre au cimetière, devancé par une centaine de porte-drapeaux.
Après les dépôts de gerbes au monument aux victimes du massacre, l'hommage rendu aux cheminots et à leurs familles près de la ligne de chemin de fer, Kader Arif rappelait que « ce jour-là, à près de 300 kilomètres de la capitale, le souffle de liberté arrivé des côtes normandes et provençales s'arrêta là, aux portes de Maillé. Je tenais à venir rendre hommage ce 25 août aux victimes trop longtemps oubliées de Maillé ».

Kader Arif s'adressait aux survivants, aux habitants de Maillé en ces termes : « C'est un crime contre l'Humanité qui s'est passé ici […] Maillé martyrisé a trouvé la force de se reconstruire. Le village a toujours témoigné que la vie est plus forte, que la mémoire l'emporte sur l'oubli. Que la liberté et l'espoir ont refleuri sur ces terres brûlées par la barbarie. »

Des mots qu'écoutait avec beaucoup d'attention un petit groupe d'enfants du regroupement pédagogique local, âgés de 6 à 10 ans, qui avaient répondu à l'invitation de leur institutrice.

Au milieu de la nombreuse assistance qui participait aux cérémonies commémoratives, une délégation allemande était présente.

Dans ce petit groupe, avait pris place Ulrich Maas, l'ancien procureur de Dortmund, qui dirigea l'enquête sur le massacre de Maillé, aujourd'hui à la retraite. Ulrich Maas qui a été membre d'honneur de l'association du Souvenir de Maillé, se déplaçait à titre privé pour la troisième fois dans la commune martyre, où il était venu plusieurs fois dans le cadre de son enquête.

Présents à ses côtés, le commissaire Schneider, deux interprètes et le ministre de l'ambassade d'Allemagne en France Max Maldacker, « représentant le gouvernement allemand ».

La délégation avait été invitée par les autorités locales à déposer une gerbe devant le monument de granit qui porte les noms des 124 victimes du massacre, dans le cimetière.
           
Sources : Nouvelle République