mardi 31 mai 2016

A 98 ans, P'tit Louis ce héros, a baissé pavillon


LA NOUVELLE REPUBLIQUE
27/05/2016 05:38

Mieux qu'un documentaire télé, plus fort qu'une leçon d'histoire, plus intense qu'une immersion en 3D… Il faut entendre Jacky Planchard parler de son père, Louis, mort hier dans sa 98e année. Un être hors du commun qu'aucune balle n'a fait plier, qu'aucune blessure n'a durablement freiné, qu'aucune humiliation n'a longtemps meurtri, même quand la gestapo lui fera subir les pires outrages après lui avoir cassé la mâchoire. Il faut dire que celui qui mérita cent fois le surnom de « Trompe-la-mort » a multiplié les attaques contre les Allemands, fut blessé au bras par une grenade, avant d'être percuté en side-car par une ambulance : double fracture du bassin et fracture ouverte de la jambe gauche. Un an d'hospitalisation.

C'est pourtant Louis Planchard, le 1er septembre 1944, à la tête du Corps franc de Touraine, qui décroche le drapeau nazi qui flotte sur la mairie de Tours et le piétine avec rage. Un geste qui restera gravé dans les annales mais qui est loin d'être le seul fait d'arme de cet intrépide monsieur de 1,72 m, qui fut un véritable poison pour l'ennemi. « Il n'était pas grand mais fallait pas le chercher. Mon père c'était tout à la fois : un homme courageux, intrépide, roublard, maquignon. Il a tué des Allemands, sauvé des juifs. Il n'avait peur de rien et ne pouvait jamais rester en place D'ailleurs à la fin de la guerre, ne tenant pas en place, il est parti combattre en en Indochine. Il m'a élevé à la dure mais aujourd'hui je suis très triste. On a partagé une foule de moments ensemble. »


Quand les armes furent enfin rangées, ce remarquable cavalier, qui fit partie de l'équipe de France d'équitation, consacra une grande partie de sa vie aux chevaux. Une passion transmise à son fils, comme le goût de l'effort et du défi (Ndlr : Patrick Planchard a été gardien de but du PSG en 1973 et 1974). « En l'espace de quelques jours, grimace Jacky Planchard, Tours a perdu trois de ses plus grands résistants, P'tit Louis Bouisson, Jacques Bizioux et mon père. »


Un hommage solennel sera rendu à Louis Planchard, mardi prochain à 10 h 30 en la cathédrale de Tours, en présence de 150 porte-drapeaux. Jacky Planchard sera bien sûr là, pour raconter à qui le voudra, les histoires de son père, ce héros.

Jacques Benzakoun

Cent ans après, le carnage de Verdun commémoré





Trois cents jours. Plus de trois cent mille soldats français et allemands tués. Et un nom qui, à jamais, aura marqué l'histoire militaire contemporaine. Hier, c'est carrefour de Verdun, où, il y a cinquante ans, était installée une stèle sur laquelle on peut lire « Verdun, carrefour d'histoire (1916-1966) » qu'a été commémoré le centième anniversaire de cette bataille historique. Un lieu éminemment symbolique.




C'est d'ailleurs là, des quatre côtés du carrefour que, depuis plusieurs jours, les Tourangeaux peuvent découvrir huit grandes photos. Là, devant nos yeux, des soldats dans les boyaux de Verdun, des portraits d'hommes sacrifiés, visages fermés. Un hommage rendu à tous ceux qui ne sont pas revenus.






Sous ces images, une phrase de l'auteur solognot Maurice Genevoix : « Ce que nous avons fait, en vérité, c'est plus qu'on ne pouvait demander à des hommes. Et nous l'avons fait. »

Une phrase forte que Serge Babary, maire de Tours, a martelée à son tour, après que le préfet Louis Le Franc a lu le message de Jean-Marie Todeschini, secrétaire d'État chargé des anciens combattants et de la mémoire.




« Chaque famille, chaque commune a fait Verdun », a indiqué le représentant de l'État. Une bataille qui se veut aujourd'hui le symbole de la réconciliation franco-allemande.

Hier, anciens combattants, élus, représentants des autorités civiles et militaires et membres du conseil municipal des jeunes qui ont d'ailleurs lu des extraits d'un journal d'un soldat tourangeau, ont rappelé, par leur présence, que, même cent ans après, le devoir de mémoire restait profondément vivant.