mardi 28 octobre 2014
vendredi 17 octobre 2014
Un mémorial pour 188 anciens combattants d'Afrique du Nord
A Tours, place Anatole-France, 1.300 anciens combattants de tout le département ont assisté jeudi matin au dévoilement du mémorial dédié aux 188 victimes d'Indre-et-Loire tombés en Afrique du Nord entre 1952 et 1963.
Une marée de drapeaux tricolores, tenus par 250 porte-drapeaux, 1.300 anciens combattants d'Afrique du Nord rassemblés dont un millier, acheminés de tout le département par autobus. L'assistance exceptionnelle qui assistait hier matin au dévoilement du mémorial d'Indre-et-Loire des combattants tombés en Afrique du Nord, était à la mesure de l'événement. Une foule réunie pour l'inauguration de ce monument dédié à la mémoire des 188 Tourangeaux tombés en Afrique du Nord entre 1952 et 1963.
Pour en arriver là, il a fallu un travail de longue haleine, initié par Serge Pinon, ancien président départemental de la Fnaca, décédé l'an dernier, et des quatre autres associations d'anciens combattants d'AFN, l'UNC, la Fopac, l'Union fédérale des anciens combattants et l'Adac. En étroite collaboration avec la Ville de Tours, de nombreuses communes du département et du conseil général d'Indre-et-Loire, les cinq associations ont su œuvrer main dans la main pour constituer l'association pour ce mémorial et faire aboutir ce projet.
C'est ce qu'ont rappelé hier matin, dans une ambiance recueillie, Jean-Louis Cerceau, président départemental de la Fnaca et coprésident de l'association pour le mémorial, et Serge Babary, maire de Tours, qui déclarait : « Les 188 noms restent gravés dans l'ardoise, dans la mémoire et nos cœurs. »
Cet acte de fraternité mettait fin – à Tours en tout cas – à un demi-siècle de querelles de chapelles, notamment sur la date de la commémoration de la fin de la guerre en Afrique du Nord. L'un des leurs, Michel Leproust, croisé dans la foule, fusilier de l'air, a eu 20 ans en Oranie du sud, où il servit pendant vingt-six mois. « Je ne pensais pas voir cela de ma vie », soupirait-il, la voix étouffée par l'émotion.
lundi 6 octobre 2014
Commémoration de la guerre 14-18. D'ici sont partis, il y a cent ans...
Le 20 Septembre, c'est déroulé une cérémonie en mémoire des Tourangeaux partis pour la Grande Guerre.
C’est une cérémonie patriotique d’une rare envergure que la ville de Tours a accueilli hier pour honorer la mémoire de ses fils partis pour le front en 1914, il y a cent ans…
Hier, Tours a rendu un hommage appuyé aux siens qui, du 2 au 5 août 1914, partirent de la place Anatole-France pour s'engager dans le conflit de la Première Guerre mondiale.
Un événement militaire et républicain plutôt rare dans son ampleur, qui répondait à l'opération nationale « 101 villes, 101 drapeaux, 101 héros ». Et le héros tourangeau, Maxime Lenoir – cet as du ciel dont nous avons déjà parlé dans nos colonnes (lire NR du 7 août) – est apparu en héraut d'une jeunesse sacrifiée pour la liberté, comme l'ont rappelé le général Lefeuvre commandant la place d'armes de Tours et, à l'hôtel de ville, le maire Serge Babary.
Une " Marseillaise " a cappella
Cette matinée de ferveur patriotique et populaire annonçait la grande exposition inédite, « 1914, les Tourangeaux se mobilisent », qui ouvre ses portes dimanche aux Archives municipales de Tours (chapelle Saint-Eloi au bout du boulevard Béranger). Une expo qui rappelle que Tours était, à la veille de la Grande Guerre, le siège du 9e corps d'armée, soit une ville de garnison importante comprenant six casernes et 7.000 soldats. Le 2 août 1914, tous les hommes de 18 à 45 ans mobilisés rejoignirent ces casernes, les recrues étaient cantonnées dans les écoles de la ville…
A l'occasion de cette cérémonie, le lieutenant-colonel Emmanuel de Fleurian et le chef de bataillon Thierry Eon ont été faits chevaliers de la Légion d'honneur : le major Frédéric Martinez et l'adjudant-chef Toni Giacoia ont reçu la médaille militaire.
Source : AALE37
mercredi 1 octobre 2014
La médaille militaire ou le bijou de l'armée
La médaille militaire est incontestablement la plus belle décoration française. Non hiérarchisée, ne comportant ni grade, ni degré, elle est attribuée aux militaires non officiers de toutes armes. Elle fut instituée en 1852 par le prince Louis Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III, en écho à la création par Napoléon Ier, 50 ans auparavant, de la Légion d'honneur, concédée, elle, aux seuls officiers. Depuis lors, elle pend sur la poitrine d'hommes, de femmes et d'enfants, comme autant d'exploits insoupçonnables que la nature humaine révèle dans des circonstances exceptionnelles. Elle décore drapeaux et emblèmes et honore parfois l'insolite.
22 janvier 1852, Palais des Tuileries. Louis Napoléon Bonaparte, encore
président de la République, signe le décret de création d'une nouvelle
décoration destinée à récompenser les soldats et sous-officiers de
l'armée de terre et de mer. Le décret du 29 février en fixe les
caractéristiques essentielles. La médaille, d'un diamètre de 28
millimètres, sera en argent et portera sur l'avers l'effigie de Louis
Napoléon, avec son nom pour exergue, et sur le revers, dans l'intérieur
du médaillon, la devise « Valeur et Discipline ». Le décret précise
qu'elle sera surmontée d'un aigle. Le ruban, quant à lui, est
directement inspiré de la Couronne de Fer imaginée par Napoléon Ier
après qu'il ait été couronné roi d'Italie.
22 mars 1852, face au Carrousel du Louvre, première remise de médailles militaires. Le général Canrobert commande la cérémonie et présente les troupes (6.000 hommes) au prince président, lequel arbore lui-même l'insigne qui ornera bientôt la poitrine des braves, figés au garde-à-vous, auxquels il s'adresse ainsi :
« Soldats, combien de fois ai-je regretté de voir des soldats et des sous-officiers rentrer dans leurs foyers sans récompense, quoique, par la durée de leurs services, par des blessures, par des actions dignes d'éloges, ils eussent mérité un témoignage de satisfaction de la patrie ! C'est pour le leur accorder que j'ai institué cette médaille. Elle assurera 100 francs de rente viagère. C'est peu, certainement, mais ce qui est beaucoup, c'est le ruban que vous porterez sur la poitrine et qui dira à vos camarades, à vos familles, à vos concitoyens que celui qui la porte est un brave... ». Puis, après un roulement de tambour, Louis Napoléon remet la toute première médaille militaire à Jean-François Forgues, sergent du 72e de ligne, qui inaugure les registres du ministère de la Guerre dans les colonnes duquel on peut lire « Services 9 ans, campagnes 9 ans. S'est distingué pendant les événements de décembre. Trois fois engagé ». Au cours de la cérémonie, 47 autres médailles seront attribuées. Le dernier récipiendaire sera le canonnier Pointurier (16 ans de services, 8 ans de campagnes).
Le 10 mai suivant, une seconde cérémonie du même ordre rassemble cette fois 800.000 hommes et 100 bouches à feu sur le Champ de Mars. Au cours de cette manifestation de grande ampleur, 1705 soldats et sous-officiers seront mis à l'honneur, dans le cadre d'une large promotion (262 cavaliers, 200 artilleurs et soldats du génie, 313 gendarmes, 864 fantassins et 66 hommes de divers corps).
Enfin, le 13 juin, la concession du ruban vert et jaune est étendue, par exception, aux maréchaux de France et aux officiers généraux ayant rempli les fonctions de ministre ou exercé des commandements en chef. C'est ainsi que Louis Napoléon Bonaparte décerne la médaille militaire aux comtes Honoré Reille (1755-1860) et Jean-Baptiste Vaillant (1790-1872). Le premier participa notamment aux batailles de Iéna, Friedland et Wagram. Il fit partie de cette talentueuse génération venue remplacer, sur la fin de l'Empire, celle, fatiguée, des héros de la Grande Armée et de la République. Il avait été nommé maréchal de France le 17 septembre 1847. Pour l'anecdote, notons qu'il repose au cimetière du Père Lachaise sous le même monument que le maréchal Masséna, dont il avait épousé la fille, Victoire. Le second fut ministre de la Guerre, ministre de la Maison de l'Empereur de 1860 à 1870. Il était maréchal de france depuis 1851.
À l'heure du centenaire de cette prestigieuse création, on estimait à 987.000 le nombre de médailles effectivement accordées. Pour autant, à cette époque, 84 seulement étaient venues récompenser les mérites féminins. De 1852 à 1871, neuf cantinières furent décorées. La toute première fut Marie-Jeanne Rossini, du régiment des zouaves de la garde, décorée le 17 juin 1859 pour souligner ses services durant la campagne d'Italie. Il relèverait du pléonasme de dire que les campagnes napoléoniennes ont fourni leurs lots de héros. Si l'intendance était traditionnellement un poste réservée aux femmes, un autre rouage-clé de la logistique de guerre leur revenaient également avec le service de santé. Plus tard, l'introduction du télégraphe et du téléphone dans l'armée nécessita un nouvel emploi, principalement tenu par des femmes. C'est dire qu'elles ne furent pas épargnées.
Notre propos n'est pas de dresser la liste d'autant de médaillés et de médaillées militaires que d'actes de bravoure. Notre survol ne serait cependant pas complet si nous passions outre les enfants, ces benjamins des conflits qui ont dédié leur jeunesse au combat. Pour illustrer leur lumineuse participation, citons ce jeune Marseillais, Désiré Bianco. Il a 13 ans en 1915 lorsqu'il parvient à se mêler à un détachement du 6e régiment de hussards et à gagner le front de la Meuse. Découvert, il sera rendu à sa famille, avant de récidiver de façon tout aussi infructueuse. Il embarque finalement depuis Toulon à destination des Dardanelles, aux côtés du 58e régiment d'infanterie coloniale. Son intrépidité et sa hardiesse auront raison de lui. Malgré la protection et les exhortations à la prudence de ses supérieurs, il tombera au champ d'honneur le 8 mai 1915, sabre au poing.
Décorer un drapeau est sans nul doute un geste hautement symbolique qui couvre d'honneur tout un régiment et exacerbe sa fierté. Il n'est plus question de gratitude à l'égard d'actes isolés mais de la reconnaissance d'une magistrale collaboration humaine. Alors que 73 emblèmes des armées sont ornés de la Légion d'honneur, 10 seulement le sont de la médaille militaire - décorés de 1918 à 2002. Il en va des emblèmes régimentaires comme des généraux, la médaille militaire représente bien la mention absolue. Le drapeau des bataillons de chasseurs fut le premier à recevoir cet honneur, en récompense de la prise, par le 1er bataillon de chasseurs à pied, du premier drapeau ennemi - celui du 132e régiment de Landwehr - le 15 août 1914 à Saint-Blaise (Alsace). Il fut arraché par le sergent Foulfon et solennellement exposé au balcon du ministère de la Guerre, à Paris. Dans d'autres circonstances, et plusproche de nous, la médaille militaire a été épinglée sur les drapeaux de l'Écolede gendarmerie de Chaumont, de l'École nationale des sous-officiers d'activede Saint-Maixent-L'École, de celle de formation des sous-officiers de l'armée de l'air de Rochefort et du Centre d'instruction de Saint-Mandrier des mains du président de la République, Jacques Chirac, le 5 février 2002, à l'occasion du 150e anniversaire de la création de l'insigne napoléonien.
Étonnants, insolites, invraisemblables, tels sont certains faits qui jalonnent le parcours historique de la médaille militaire. Arrêtons-nous quelques instants sur ces événements singuliers.
Parmi les quelque 230.000 décorés de la médaille militaire au terme de la Première Guerre Mondiale, il est un soldat de 2e classe au destin inattendu : le général de brigade Amanrich, rayé des cadres avant le début du conflit et engagé volontaire comme simple soldat lors de son déclenchement.
S'inscrivant toujours au répertoire de l'étonnant, citons encore Madame Tuvache (134e section de Troyes). Elle a 84 ans lorsqu'elle reçoit la médaille militaire. Nous sommes en 1927 et, au plus profond de ses souvenirs, cette ancienne cantinière de l'armée française n'a rien oublié de sa participation aux campagnes d'Italie et du Mexique, de sa présence lors de la bataille de Camerone, de sa détention lors du conflit contre la Prusse. Autre phénomène historique, Marguerite Coragliotti, téléphoniste grièvement blessée en 1918, seule et unique médaillée militaire de la Grande Guerre.
Une médaille prestigieuse, des hommes, des femmes, des enfants au courage indéfectible, des drapeaux lourds d'un passé glorieux, mais également un pigeon. Oui, l'un de ces improbables volatiles qui se démarqua de ces milliers de pigeons soldats ayant permis de sauver de nombreuses vies humaines. Il répondait au nom de « Vaillant » et portait le matricule 787-15. Il fut lâché du Fort de Vaux le 4 juin 1916 à 11 heures 30 pour apporter à Verdun le dernier message du commandant Raynal : « Nous tenons toujours, mais nous subissons une attaque par les gaz et les fumées très dangereuses. Il y a urgence à nous dégager. Faites-nous donner de suite toute communication optique par Souville qui ne répond pas à nos appels. C'est mon dernier pigeon ». L'oiseau fit l'objet d'une citation à l'ordre de la nation et l'on décida de lui décerner la médaille militaire. Lorsque Vaillant mourut, en 1929, une plaque commémorative fut apposée à l'entrée du fort.
Troisième décoration française dans l'ordre de préséance, elle se porte immédiatement après l'ordre national de la Légion d'honneur, l'ordre national de la Libération, et devant l'ordre national du Mérite.
22 mars 1852, face au Carrousel du Louvre, première remise de médailles militaires. Le général Canrobert commande la cérémonie et présente les troupes (6.000 hommes) au prince président, lequel arbore lui-même l'insigne qui ornera bientôt la poitrine des braves, figés au garde-à-vous, auxquels il s'adresse ainsi :
« Soldats, combien de fois ai-je regretté de voir des soldats et des sous-officiers rentrer dans leurs foyers sans récompense, quoique, par la durée de leurs services, par des blessures, par des actions dignes d'éloges, ils eussent mérité un témoignage de satisfaction de la patrie ! C'est pour le leur accorder que j'ai institué cette médaille. Elle assurera 100 francs de rente viagère. C'est peu, certainement, mais ce qui est beaucoup, c'est le ruban que vous porterez sur la poitrine et qui dira à vos camarades, à vos familles, à vos concitoyens que celui qui la porte est un brave... ». Puis, après un roulement de tambour, Louis Napoléon remet la toute première médaille militaire à Jean-François Forgues, sergent du 72e de ligne, qui inaugure les registres du ministère de la Guerre dans les colonnes duquel on peut lire « Services 9 ans, campagnes 9 ans. S'est distingué pendant les événements de décembre. Trois fois engagé ». Au cours de la cérémonie, 47 autres médailles seront attribuées. Le dernier récipiendaire sera le canonnier Pointurier (16 ans de services, 8 ans de campagnes).
Le 10 mai suivant, une seconde cérémonie du même ordre rassemble cette fois 800.000 hommes et 100 bouches à feu sur le Champ de Mars. Au cours de cette manifestation de grande ampleur, 1705 soldats et sous-officiers seront mis à l'honneur, dans le cadre d'une large promotion (262 cavaliers, 200 artilleurs et soldats du génie, 313 gendarmes, 864 fantassins et 66 hommes de divers corps).
Enfin, le 13 juin, la concession du ruban vert et jaune est étendue, par exception, aux maréchaux de France et aux officiers généraux ayant rempli les fonctions de ministre ou exercé des commandements en chef. C'est ainsi que Louis Napoléon Bonaparte décerne la médaille militaire aux comtes Honoré Reille (1755-1860) et Jean-Baptiste Vaillant (1790-1872). Le premier participa notamment aux batailles de Iéna, Friedland et Wagram. Il fit partie de cette talentueuse génération venue remplacer, sur la fin de l'Empire, celle, fatiguée, des héros de la Grande Armée et de la République. Il avait été nommé maréchal de France le 17 septembre 1847. Pour l'anecdote, notons qu'il repose au cimetière du Père Lachaise sous le même monument que le maréchal Masséna, dont il avait épousé la fille, Victoire. Le second fut ministre de la Guerre, ministre de la Maison de l'Empereur de 1860 à 1870. Il était maréchal de france depuis 1851.
À l'heure du centenaire de cette prestigieuse création, on estimait à 987.000 le nombre de médailles effectivement accordées. Pour autant, à cette époque, 84 seulement étaient venues récompenser les mérites féminins. De 1852 à 1871, neuf cantinières furent décorées. La toute première fut Marie-Jeanne Rossini, du régiment des zouaves de la garde, décorée le 17 juin 1859 pour souligner ses services durant la campagne d'Italie. Il relèverait du pléonasme de dire que les campagnes napoléoniennes ont fourni leurs lots de héros. Si l'intendance était traditionnellement un poste réservée aux femmes, un autre rouage-clé de la logistique de guerre leur revenaient également avec le service de santé. Plus tard, l'introduction du télégraphe et du téléphone dans l'armée nécessita un nouvel emploi, principalement tenu par des femmes. C'est dire qu'elles ne furent pas épargnées.
Notre propos n'est pas de dresser la liste d'autant de médaillés et de médaillées militaires que d'actes de bravoure. Notre survol ne serait cependant pas complet si nous passions outre les enfants, ces benjamins des conflits qui ont dédié leur jeunesse au combat. Pour illustrer leur lumineuse participation, citons ce jeune Marseillais, Désiré Bianco. Il a 13 ans en 1915 lorsqu'il parvient à se mêler à un détachement du 6e régiment de hussards et à gagner le front de la Meuse. Découvert, il sera rendu à sa famille, avant de récidiver de façon tout aussi infructueuse. Il embarque finalement depuis Toulon à destination des Dardanelles, aux côtés du 58e régiment d'infanterie coloniale. Son intrépidité et sa hardiesse auront raison de lui. Malgré la protection et les exhortations à la prudence de ses supérieurs, il tombera au champ d'honneur le 8 mai 1915, sabre au poing.
Décorer un drapeau est sans nul doute un geste hautement symbolique qui couvre d'honneur tout un régiment et exacerbe sa fierté. Il n'est plus question de gratitude à l'égard d'actes isolés mais de la reconnaissance d'une magistrale collaboration humaine. Alors que 73 emblèmes des armées sont ornés de la Légion d'honneur, 10 seulement le sont de la médaille militaire - décorés de 1918 à 2002. Il en va des emblèmes régimentaires comme des généraux, la médaille militaire représente bien la mention absolue. Le drapeau des bataillons de chasseurs fut le premier à recevoir cet honneur, en récompense de la prise, par le 1er bataillon de chasseurs à pied, du premier drapeau ennemi - celui du 132e régiment de Landwehr - le 15 août 1914 à Saint-Blaise (Alsace). Il fut arraché par le sergent Foulfon et solennellement exposé au balcon du ministère de la Guerre, à Paris. Dans d'autres circonstances, et plusproche de nous, la médaille militaire a été épinglée sur les drapeaux de l'Écolede gendarmerie de Chaumont, de l'École nationale des sous-officiers d'activede Saint-Maixent-L'École, de celle de formation des sous-officiers de l'armée de l'air de Rochefort et du Centre d'instruction de Saint-Mandrier des mains du président de la République, Jacques Chirac, le 5 février 2002, à l'occasion du 150e anniversaire de la création de l'insigne napoléonien.
Étonnants, insolites, invraisemblables, tels sont certains faits qui jalonnent le parcours historique de la médaille militaire. Arrêtons-nous quelques instants sur ces événements singuliers.
Parmi les quelque 230.000 décorés de la médaille militaire au terme de la Première Guerre Mondiale, il est un soldat de 2e classe au destin inattendu : le général de brigade Amanrich, rayé des cadres avant le début du conflit et engagé volontaire comme simple soldat lors de son déclenchement.
S'inscrivant toujours au répertoire de l'étonnant, citons encore Madame Tuvache (134e section de Troyes). Elle a 84 ans lorsqu'elle reçoit la médaille militaire. Nous sommes en 1927 et, au plus profond de ses souvenirs, cette ancienne cantinière de l'armée française n'a rien oublié de sa participation aux campagnes d'Italie et du Mexique, de sa présence lors de la bataille de Camerone, de sa détention lors du conflit contre la Prusse. Autre phénomène historique, Marguerite Coragliotti, téléphoniste grièvement blessée en 1918, seule et unique médaillée militaire de la Grande Guerre.
Une médaille prestigieuse, des hommes, des femmes, des enfants au courage indéfectible, des drapeaux lourds d'un passé glorieux, mais également un pigeon. Oui, l'un de ces improbables volatiles qui se démarqua de ces milliers de pigeons soldats ayant permis de sauver de nombreuses vies humaines. Il répondait au nom de « Vaillant » et portait le matricule 787-15. Il fut lâché du Fort de Vaux le 4 juin 1916 à 11 heures 30 pour apporter à Verdun le dernier message du commandant Raynal : « Nous tenons toujours, mais nous subissons une attaque par les gaz et les fumées très dangereuses. Il y a urgence à nous dégager. Faites-nous donner de suite toute communication optique par Souville qui ne répond pas à nos appels. C'est mon dernier pigeon ». L'oiseau fit l'objet d'une citation à l'ordre de la nation et l'on décida de lui décerner la médaille militaire. Lorsque Vaillant mourut, en 1929, une plaque commémorative fut apposée à l'entrée du fort.
Troisième décoration française dans l'ordre de préséance, elle se porte immédiatement après l'ordre national de la Légion d'honneur, l'ordre national de la Libération, et devant l'ordre national du Mérite.
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